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Quand parler d'aménagement lumière dans la planification d'un projet?

 

Malgré nos communications avec Anne Sandelin, la chargée du développement urbain de la ville de Jyväskylä, nous n’avons pas pu connaitre les intentions en matière d’aménagement lumière du secteur Kangas. Cela laisse craindre que les gestionnaires du projet n’aient pas inclus ce volet dans la planification de celui-ci. Bien qu’il s’agisse d’une des étapes finales, plusieurs auteurs soutiennent qu’il faut prévoir l’éclairage urbain en amont de tout projet. Il faut définir l’image nocturne puisque celle-ci fait partie intégrante de l’identité des lieux. Cette dernière doit être réfléchie, au même titre que l’image de la ville diurne. Un programme et un budget pour l’image nocturne souhaitée devraient être préétabli puisque l’intervention d’un concepteur lumière à postériori peut causer des problèmes techniques complexes pour ce qui est des réseaux et de l’alimentation électrique, et ainsi avoir une incidence esthétique dommageable sur les images diurnes et nocturnes finales.

 

Innovation technonologique et impact sur les villes nordiques

 

L’intégration de panneaux solaires aux toitures, et ce, à l’échelle d’un quartier est très audacieuse. Alors que ce n’est pas une solution à laquelle on pense normalement au nord du 55e parallèle, celle-ci le deviendra sans doute si les résultats s’avèrent positifs. En effet, tel que mentionné dans la section Lumière>Enjeux, Jyväskylä jouit d’un nombre légèrement supérieur d’heures de luminosité que les pays d’Europe centrale. Le seul problème est que les heures d’ensoleillement sont concentrées sur une période de l’année. Il faudra donc, de manière à s’adapter aux conditions des pays nordiques, tenter de développer des processus d’emmagasinement d’énergie produite par les panneaux photovoltaïques afin de pouvoir la répartir sur toute l’année et d’avoir un impact encore plus important sur la consommation d’énergie provenant des autres types de production.

 

La pollution lumineuse, toujours un problème!

 

La pollution lumineuse demeure un enjeu important auquel Jyväskylä, comme la plupart des villes à l’échelle mondiale, fait face en adoptant un plan de mise en lumière. L’éclairage urbain doit demeurer judicieux et modéré. Il ne doit pas tomber dans le piège de l’économie récréotouristique qui transforme les bâtiments emblématiques en bibelots urbains surexposés et colorés selon la palette LED! La nuit fait partie du cycle écologique et il faut savoir le respecter puisque les effets de l’éclairage artificiel sont multiples. Certains de ces effets sont positifs pour la santé humaine (production de vitamine D, photomédecine, régulation des hormones et « thérapie par la lumière ») alors que d’autres sont plutôt négatifs et remettent en question l’utilisation abusive d’éclairage artificiel (maux de tête, maux oculaires, cancers, vieillissements prématurés de la peau et des yeux, excitation comportementale, diminution de la concentration, création de stress, dérèglement de l’horloge biologique, désynchronisation de la sécrétion de mélatonine, problèmes de sommeil ou de fatigue excessive, etc.).

 

Les écologistes mettent en avant les coûts environnementaux de l’éclairage, montrant des écosystèmes fortement perturbés par la lumière artificielle, notamment les effets observés sur la faune par les biologistes. Toutefois, plusieurs spécialistes en éclairage refusent de considérer la lumière comme une pollution et remettent en cause la légitimité des arguments scientifiques. Toutefois, de réels impacts sont observés sur les écosystèmes, notamment traverse des effets comportementaux des populations (désorientation, attraction ou répulsion vers sources lumineuses, changements dans la prédation, dans les cycles de reproduction, dans la migration et dans la communication) et des effets communautaires des écosystèmes (interactions entre les espèces et prédation) dont les impacts négatifs restent à définir.

La connectivité manquante avec le centre-ville et les quartiers avoisinants

 

De manière générale le projet Kangas est bien conçu . Or, il est planifié en terme d’une unité à part, dans une logique fonctionnelle unique, comme si on l’avait implanté entre les barrières et laissé à lui-même sans se soucier de son lien avec sa propre ville, Jyväskylä. Les interactions sont coupées assez abruptement dû à la réduction du transport automobile pour accéder au Kangas, et dû à l’absence de transports en commun qui pénètrent le quartier. Bien que perméable en lui-même, sa situation enclavée face au reste de la ville laisse penser qu’il faudrait sans attendre s’attaquer à repenser ses connexions avec l’extérieur pour éviter un repli du quartier sur lui-même d’ici quelques années. Bref, l’ensemble urbain, bien que tout à fait fonctionnel comme unité, semble avoir été prévu avec des oeillères face à certains enjeux. Malgré tout, au niveau du One Planet Living, l’enjeu des transports durables est tout à fait en accord avec le plan général du Kangas qui vise une marchabilité du quartier et une promotion des modes de déplacements doux. Toutefois, l’absence de connexion directe des transports en commun est une lacune, tant au niveau de la perméabilité dans la ville, qu’au niveau de l’atteinte des objectifs du One Planet Living.

 

Un coeur de quartier vivant et varié

 

Au niveau de la mixité, le quartier Kangas contient de nombreuses fonctions en son centre, et la densité de population (5000 ménages) qui va habiter le quartier risque fortement d’animer ces espaces centraux sans trop de problèmes. Le coeur du quartier et la mixité des utilisateurs semblent donc des éléments enclins à assurer la pérennité du quartier Kangas. De plus, cette mixité qui répond à des besoins précis d’utilisateurs a été planifiée pendant de nombreuses consultations publiques. Il est donc raisonnable de croire que ce qu’on retrouvera au Kangas, ce sont des fonctions désirées et demandées par les habitants mêmes qui ont «conçu» leur propre milieu de vie au préalable. Cela rejoint donc directement l’ambition du One Planet Living, qui souhaite procurer une mode de vie saine et un bien-être aux utilisateurs.

 

Bibliographie:

 

Bentley, I et al. 1985. « Responsive Environments : A manual for designers ». Amsterdam (Pays-Bas) : Elsevier. 151p.

 

ROZMAN Cafuta, Melita. 2014. « Visual Perception and Evaluation of Artificial Night Light in Urban Open Areas »Informatol, no 47, p.257-263

 

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