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JYVÄSKYLÄ CITY OF LIGHT

La noirceur est une possibilité, pas un problème!

 

Dans le but de rendre l’environnement urbain plus attrayant, agréable et sécuritaire durant la période de noirceur, mais également de réaliser des économies importantes sur le plan de la consommation d’énergie, la Ville de Jyväskylä s’est dotée d’un schéma directeur d’aménagement lumière (Sdal). Ce programme, intitulé Jyväskylä City of Light a été lancé en 2000 et se prolonge sur quatre phases jusqu’en 2016. Il est le résultat du travail de la firme de désign VALVOA, en collaboration avec certains départements municipaux (Développement urbain, Services immobiliers et Infrastructures) ainsi que des propriétaires privés et des promoteurs du secteur du centre-ville.

Qu'est-ce que la LUCI?

 

La Lighting Urban Community International est un rassemblement mondial de plus de 70 villes. L’objectif de cette organisation est d’accompagner les villes et leur apporter la compréhension nécessaire à une utilisation raisonnée et durable de la lumière.

 

Deleuil, Jean-Michel (2009)

Par ce schéma, Jyväskylä se positionne comme chef de file en Finlande pour le développement et l’innovation de nouvelles technologies, de nouveaux systèmes luminaires et l’application rigoureuse d’un plan d’éclairage urbain à l’échelle de la ville. En 2009, les efforts de la Ville ont d’ailleurs été récompensés par le premier prix au concours «city.people.light», octroyé par le programme Philips Outdoor Lightingpar et la LUCI Association (Lighting Urban Community International). Ce prix visait à récompenser les projets d’illumination urbains qui humanisent l’environnement bâti grâce à

l’utilisation de la lumière en explorant différents moyens pour maximiser la viabilité et améliorer l’habitabilité de la ville.

 

Les objectifs principaux du schéma directeur d’aménagement lumière sont d’une part, l’éclairage judicieux du paysage urbain par la mise en lumière d’éléments architecturaux et d’espaces publics, et d’autre part, le remplacement des systèmes d’éclairage existant par des dispositifs écoénergiques et munies des dernières technologies. Ce défi ambitieux prend appui sur une vision positive du contexte nordique et de ses particularités, ce que la Ville exprime dans son slogan «la noirceur est une possibilité, pas un problème!»

Quelques définitions selon Narboni

 

Selon Narboni (2003), il existe 4 moyens de planifier la mise en lumière d’un lieu à l’échelle architecturale, urbaine, voire territoriale : les schémas directeurs d’aménagement lumière (SDAL), le plan lumière, la charte lumière et la scénographie lumineuse.

 

Schéma directeur d’aménagement lumière est défini par Narboni comme le concept global réalisé sur une longue période de temps (entre 15 et 20 ans) à l’échelle de la ville ou d’un quartier et consiste en une réflexion approfondie sur la lumière urbaine en prenant en considération la lumière existante, les typologies d’éclairage, la composition des tonalités, des bâtiments et des espaces publics à privilégier. Il s’intéresse plus particulièrement à l’éclairage des espaces publics, des monuments et des bâtiments remarquables que pour leur éventuelle capacité à dynamiser le paysage nocturne. Il définit, lors de la réalisation de projet d’envergure, les orientations, les cahiers des charges, le programme d’illumination, les ambiances nocturnes, les mises en lumière et le mobilier d’éclairage. Il devient un outil de gestion lors de son adoption officielle.

 

Le plan lumière consiste à repérer, dans la ville ou dans un quartier, les monuments, les ouvrages d’art et les édifices remarquables à illuminer. L’objet principal n’est pas l’éclairage urbain. Il vise plutôt à dessiner la silhouette nocturne d’une ville à partir d’une série d’édifices éclairés. Les projets particuliers sont confiés à des concepteurs indépendants sous la supervision de l’auteur du plan.

 

La charte lumière est l’établissement d’un cahier des charges spécifique d’un quartier ou d’un projet en terme de définition d’éclairage urbain et de mobilier lumière.

 

Finalement, la scénographie lumineuse est une mise en scène nocturne d’un site particulier, élaboré par un concepteur lumière unique sans lien avec le plan lumière. Elle s’effectue à partir d’une analyse du site et prévoir un concept de paysage nocturne qui inclut la mise en lumière des monuments, des ouvrages d’arts, des édifices publics et des espaces urbains à proximité.

 

Narboni, Roger (1995)

La noirceur est une possibilité … pour un nouveau paysage urbain!

 

Depuis les années 90, les projets d’éclairage urbain s’insèrent immanquablement dans les plans d’aménagement ou de requalification urbaine comme atout essentiel pour le développement et la valorisation des villes et de leur patrimoine bâti ou naturel. Alors que la ville nocturne était autrefois un lieu dangereux, parsemé d’ombres et de racoins lugubres, elle est aujourd’hui un lieu divertissant où se déploie une vie sociale et festive singulière. C’est une ville différente qu’offre la nuit, c’est pourquoi l’éclairage doit lui aussi proposer un environnement différent. Il doit proposer une scénographie propre à la vie nocturne et, du même coup, révéler le potentiel d’urbanité de celle-ci. Aux dires de Yann Kersalé, la nuit permet justement de manipuler les bâtiments, de leur donner une forme, des dimensions, des perspectives inconnues sous la lumière solaire (Kersalé,1988, p.37). En effet, le paysage urbain nocturne doit être composé au même titre que le paysage urbain diurne. Il doit faire valoir une identité citadine à la fois cohérente et indépendante de celle que les individus ont de leur ville le jour. L’éclairage doit ainsi orienter, souligner, révéler, dissimuler et métamorphoser tout en étant pensé en fonction d’une composition nocturne globale, de manière à hiérarchiser et harmoniser éclairage public, mises en scène nocturne, évènements lumineux et illuminations. (Narboni, 1995, p.64)

 

Considérant que, durant une certaine période, les habitants de Jyvaskyla vivent très peu d'heures de luminosité par jour, il est clair que la Ville doit proposer un environnement urbain propre à ces périodes d’obscurité. Le paysage urbain doit pouvoir se métamorphoser en tirant avantage de la noirceur afin de créer de nouvelles ambiances. Par la mise en lumière de bâtiments et d’espaces publics, le sdal Jyväskylä City of light désirait créer un environnement attrayant, sécuritaire et doux pour le regard. L’objectif est la mise en lumière environnementale, c’est-à-dire la volonté de donner davantage d’importance au contexte qu’aux objets. La ville valorise alors l’éclairage qualitatif, c’est-à-dire qui met en valeur la ville, donne des formes séduisantes aux lieux et participe à l’ambiance particulière de la vie nocturne. Tandis que l’éclairage fonctionnel cherche à tout montrer, l’éclairage qualitatif implique beaucoup de choix urbains quant aux passages et objets qui seront donnés à voir.

 

La première phase du programme consistait à mettre en lumière des bâtiments et œuvres d’ingénierie emblématiques de la ville. De nombreux édifices, surtout situés dans le secteur du centre-ville, ainsi que différents ponts ont été illuminés afin de créer un tout nouveau paysage urbain nocturne. Les parcs, les rues et les œuvres d’art public ont subi le même traitement au cours des phases suivantes du projet. En cliquant sur la carte ci-contre, vous accèderez à une carte interactive des installations lumineuses.

 

La mise en lumière de la ville a été faite de manière judicieuse et dans le souci d’éviter la surabondance de lumière. On désirait créer une lumière tamisée et douce. Tout faisceau direct et puissant était exclu afin d’éviter l’éblouissement ainsi que les zones d’ombres très fortes. Cette méthode se positionne contre les techniques d’illumination classiques qui, dans une volonté d’imiter la lumière solaire, consistaient à éclairer abondamment un bâtiment. Cette surexposition aplanit toutes les aspérités et détache le bâtiment illuminé du contexte environnant (Barriault, 2002, p.17).

 

Afin de faire respecter le sdal ainsi que d’éviter des zones d’éclairage excessives et importunes sur l’ensemble du territoire de la ville, l’équipe du programme a mené de nombreuses consultations afin d’informer les propriétaires privés. À  l’amorce du «master plan», la Ville avait d’ailleurs procédé à l’illumination de quelques bâtiments afin de les montrer comme exemple aux propriétaires privés qui désiraient participer au plan et mettre en lumière leurs bâtiments. Un impact s’est ainsi fait ressentir sur l’éclairage des bâtiments commerciaux, des stationnements et des terrains privés. Le travail se fait maintenant en partenariat et la ville continue d’offrir des consultations de «désign lumière» afin que les interventions menées par les propriétaires privés soient cohérentes avec le travail de la municipalité. Depuis, plus de 80 installations lumineuses ont été ajoutées à travers la ville, dont la moitié est installée et gérée par le privé.

CARTE INTERACTIVE : CLIQUEZ SUR L'IMAGE !

source : www2.jkl.fi

La noirceur est une possibilité … pour innover en matière de consommation d’énergie!

Il y a presque 31 000 points d’éclairage (rues et parcs) dans la ville de Jyväskylä et ceux-ci sont allumés environ 3 600 heures par an. La consommation d’énergie du système d’éclairage urbain représente alors une dépense municipale importante.

Le programme Pro-Environment Outdoor Lighting s’ajoute au sdal Jyväskylä City of light afin de réduire la consommation d’énergie du système d’éclairage urbain. Ce projet a débuté en 1998 et se poursuit jusqu’en 2016 avec l’objectif initial d’atteindre 20% d’économies d’énergie par rapport à l’éclairage préexistant. Pour ce faire, la Ville a prévu de mettre à jour les systèmes d’éclairage et de les remplacer par des dispositifs innovants du point de vue technologique et éco énergétique. 

Le programme proposait d’abord de revoir la grille des systèmes d’éclairage afin de mettre une quantité d’éclairage suffisante selon les différents endroits. Cela signifiait d’ajouter plus de lumière à certains endroits, mais surtout, de réduire la luminosité aux endroits moins fréquentés afin de minimiser la pollution lumineuse. Le programme visait ensuite le remplacement du système existant par de nouveaux modèles de lampadaires et d’ampoule. La ville a installé des ampoules sans mercure et à faible consommation d’énergie.  Le quartier de Äijälänranta a entre autres été le premier secteur résidentiel à être éclairé par des systèmes LED uniquement. Ces systèmes sont moins éblouissants en plus d’atteindre un haut rendement énergétique. Le système est également contrôlé selon les heures d’activités et les lumières sont tamisées de 5 à 80%.

 

L’un des aspects les plus innovants du programme Pro-Environment Outdoor Lighting est le développement d’un contrôle automatique des systèmes d’éclairage. Ainsi, selon les heures plus ou moins achalandées, l’éclairage est plus ou moins fort. Des yeux magiques ont également été placés à certains endroits moins affluents afin d’activer une luminosité plus forte seulement lors du passage d’un individu. Finalement, dans certains secteurs résidentiels et industriels, les lumières sont complètement éteintes durant la nuit.

 

En 2014, plus de la moitié des 31 000 points d’éclairage de Jyväskylä ont été remplacé par des systèmes éco énergétique. La Ville a réalisé des économies de 40% par rapport aux coûts de la consommation de 2005, ce qui signifie environ 1 million d’euros remis dans le portefeuille de la ville pour les infrastructures publiques. L’émission de CO2  a également diminué à 1665 tonnes, ce équivaut à la plantation de 5300 arbres.

 

La ville travaille encore très fort afin de libéré le système d’éclairage public des lampadaires au mercure et rendre le système le plus éco énergétique possible. La dernière phase du projet, débuté en 2014, inclut le remplacement de 2500 lampadaires additionnels.

Projet pilote pour les systèmes de contrôle des lumières

source : www.youtube.com/watch?v=w9G9U3gKLxE

Bibliographie:

 

BARRIAULT, Sylvie. 2002. «Reflexions sur le paysage nocturne, fonction et applications de la mise en lumière urbaine» [mémoire]. Québec, Université Laval. 134 p.

 

Deleuil, Jean-Michel. 2009. « Éclairer la ville autrement : innovations et expérimentations en éclairage public ». METIS Lyon Tech. Études urbaines. Lausanne (Suisse) : Presses polytechniques et universitaires romandes, 295p.

 

KERSALÉ, Yann. 1988. «Yann Kersalé interprète les formes», Revue d'A, no 88, novembre 1988.

 

Larsen, Annukka. 2013. « Lessons Learned : Jyväskylä balancing between lux and luxury ! » In. Green Cities: Energy Efficient Street Lighting Conference. Helsinki (Finlande): City of Light - Jyväskylä, 61p.

 

Lighting Urban Community International. s.d. «LUCI Charter on Urban Lighting : Promoting a Culture of Sustainability in Lighting ». [En ligne] «<http://www.luciassociation.org/about-luci/charter-on-urban-lighting/>.Consulté le 2 décembre 2015.

 

Maboungi, Ariella. 2003. « Penser la ville par la lumière». Les ateliers Projet Urbain. Paris (France): Éditions de la Vilette, 113p.

 

Narboni, Roger. 1995. « La lumière urbaine : éclairer les espaces publics ». Collection technique de conception. Paris (France): Éditions Le Moniteur, 268p, ill.

 

Persola Aki et Eila Landenperä. 2013. « Kankaan Alueen Aurinkokaavaselvitys ». Gaia Innovative Solutions for Sustainability. En document PDF. 37p.

 

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